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Paul et Louisa Hamilton 1914-1928
9 août 2015

le bruit des avions

Rosières 9 août

Nous avons entendu le matin vers 4h des quantités d'avions. Il parait que c'était ceux qui allaient bombarder Sarrebruck. Nous ne sommes sortis qu'un peu le soir après le diner. J'étais patraque ayant sans doute trop mangé de fruits.

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9 août 2015

lettre du capitaine Voisin et sauf conduit

19150809a

seule l'enveloppe a été conservée... D'après le journal de Louisa (6/8/15) il est probable que cette lettre contenait le sauf-conduit pour Remiremont

19150808b

8 août 2015

la messe et les aumoniers

Rosières dimanche 8 août

Nous sommes allés à la messe chacun de notre côté. J'y ai aperçu le commandant Dussart. Physiquement je le trouve mal, court, trapu, pas soigné. Il est parait-il intelligent et aimable.

La messe était dite par l'aumonier du bataillon, 35 à 40 ans, belle tête. C'est un missionnaire qui vient de Birmanie. Il se promène en soutane naturellement mais avec le bonnet de police des chasseurs (sous-lieutenant ou lieutenant).

L'aumonier de la division qui a le grade de capitaine est un capucin, qui a des bottes sous sa bure. Je l'ai rencontré à bicyclette tout harnaché avec son bonnet de police.

La messe était chantée par tous les soldats. Il ont chanté les cantiques "Au ciel au ciel" et "Nous voulons Dieu."

Il y a à Rosière un régiment d'artillerie, un régiment de cavalerie, le 4e bataillon. Partout dans les environs il y en a, Le 2e bataillon est à Vigneulles, le 418e d'infanterie à Saffais à 4 Km.St Nicolas de Port à 5Km est plein aussi.

L'après midi était étouffant. Nous ne sommes pas sortis. Nous avons vu une vingtaine d'avions qui évoluaient ensemble au dessus de Rosière. Nous avons fait la connaissance du jeune Louis Sprauël qui est venu le matin. C'est un très grand et fort garçon qui a l'air bon garçon. Le docteur est tout petit et mince, les yeux bleus, un lorgnon, une petite barbiche grise et l'accent alsacien.

8 août 2015

concert de la fanfare du 4e BCP

19150808a

7 août 2015

chez le docteur Sprauël - Rosières aux Salines

Rosières aux Salines - 7 août

J'ai fait la connaissance du Dr Sprauël qui a été fort aimable. J'ai été admirablement reçue, les Alsaciens s'y entendent et vous mettent à l'aise. Lui et sa bonne  ont été charmants. Nous étions très bons amis. Paul n'avait pas voulu lui donner le tracas de la cuisine et nous étions servis par les chasseurs avec la cuisine de Mrs les officiers. Cuisine plantureuse du reste: hors d'oeuvres variés , tomates, concombres, poissons - 2 plats de viande - légumes - fromage - fruits - café.

Le Dr Sprauël y ajoutait du vin très bon ( nous avions de la bière) d'autres fruits, des confitures, de la liqueur.

Lui mange à 9h du matin et à 4h du soir, en général dans son jardin. Nous aussi du reste, sauf quelques rares fois  où il faisait frais et où le temps menaçait nous déjeunions et dinions dehors.

Le jardin d'agrément petit mais charmant est ombragé et touffu. Il est suivi d'un jardin potager et fruitier et d'une maison de 80 lapins. Le Dr possède un peu plus loin un autre immense jardin potager.

La maison qu'il a fait construire il y a 15 ans est extrèmement jolie et commode, très vaste, avec l'électricité. On y accède de côté par un perron et une jolie vérandah vitrée. Puis est un petit vestibuleoù donnent son bureau et deux petits salons d'attente. Ensuite est un 2e vestibule immense où donne l'escalier, le petit escalier descendant au jardin. Son bureau y ouvre aussi, puis le salon, la salle à manger, la cuisine d'hiver, la salle de bains. Dans le fond est une porte qui donne dans un petit corps de logis différent, un escalier descend à la remise, à la cuisine d'été, tout à fait au niveau du jardin. Le rez-de-chaussée de la maison est assez élevé. A côté de la cuisine est la remise puis l'écurie, des débarras. Au dessus se trouvent des chambres de domestique, et encore au dessus des greniers

Au 1er se trouve le palier qu'une porte vitrée à deux battants sépare d'un grand vestibule sur lequel ouvrent la chambre du docteur, son cabinet de toilette, une autre chambre sur la rue (au dessus du salon et de la salle à manger), au fond W.C. . De l'autre côté, la chambre de son fils, une grande chambre d'amis (la nôtre). La chambre de son fils est occupée par un sous-lieutenant du 4e. Son fils est maréchal des logis de dragons, il a 21 ans. Le régiment du jeune Louis est arrivé ce jour là à Dombasle pour 15 jours pour suivre des cours d'infanterie.

Je n'ai pas vu le 2e étage de la maison, il ne doit pas d'après l'extérieur être très élevé.

Il y a des caves de toutes sortes fort bien aménagées: caves pour le charbon, pour les bouteilles, pour les tonneaux, pour les conserves.

19150815nRosières est sur la Meurthe dans la plaine, mais il y a des collines tout autour. La plaine est immense, Rosières n'est pas au milieu de la plaine mais au pied de la colline. Le jardin du docteur arrive au pied. Les collines ne sont pas très hautes, pas très boisées. Il y a de grands espaces découverts, ce sont des prés, des paturages. Autour des villages, toutes les collines sont cultivées et très vertes. Toutes sortes de culture, le pays surtout autour de Rosières est fertile et riche. Enormément d'arbres fruitiers couverts de fruits: poiriers, pommiers, et surtout pruniers et parmi ces derniers, surtout des mirabelliers. C'est assez chic une campagne où l'on ramasse des prunes à chaque pas. Ce que j'en ai mangé !

 

Ce jour là nous sommes allés nous promener de 2h à 6h. Nous avons gravi la coline, puis traversé un joli bois. Les bois ne ressemblent pas à ceux des Vosges. Ce sont des taillis sous futaie.

Nous avons été voir une tranchée et une galerie de mine que Paul fait faire à ses hommes pour les exercer.

Nous avons entendu le canon toute la journée très fort pour l'endroit étant donné que c'était du côté du Bois Le Prêtre. C'est généralement de ce côté qu'on l'entend quoique la forêt de Parroy où sont les Allemands soit plus près 20 à 25 Km et encore moins à vol d'oiseau. Lunéville est à 15 Km , Gerbéviller à 12 Km.

Pendant 3 ou 4 jours nous avons entendu le canon très fort, sans cesse, puis ensuite presque plus, pas tous les jours, et faiblement.

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6 août 2015

de Nancy à Rosières

Nancy, 6 août

Je me promène dans Nancy de 9h 1/2 à midi, comme si je n'avais jamais fait que cela. Je pars par d'autres rues, St Georges, St Jean, St Dizier, les grandes artères commerciales qui sont très belles avec de superbes magasins où malgré la guerre on trouve tout. Les magasins réunies sont immenses et rappellent les grands magasins de Paris. Je retourne à la cathédrale et explore la place Stanislas sous tous ses aspects. Ensuite je vais à la Pépinière que j'explore en tous sens. C'est un joli jardin, mais plat, sans jolies perspectives. Une partie est arrangée en jardin avec des arbres de diverses essences et des massifs comme j'en ai rarement vus. Le reste du jardin est en parc, larges prairies et arbres touffus. Il est grand ce jardin mais facile à connaître. Il y a des bêtes, chevreuils, daims, antilopes, gazelles, quelques poulets, divers pélicans etc.

Ensuite je visite la place de la Carrière avec le palais de Stanislas qui est le corps d'Armée. Ça a grand air.

A côté est l'église St Epvre qui est moderne, mais admirable comme cachet ancien, avec des vitraux superbes, deux étages de vitraux. Elle doit être merveilleuse de lumière. Je dis elle doit être car malheureusement elle a été bombardée par les Tauben et Aviatiks et les vitraux ont souffert. Alors ils sont presque tous recouverts de panneaux de bois.

J'ai déjeuné à l'hôtel dans le jardin et ensuite , je me suis installée pour attendre Paul. J'avais vu un train arrivant à 2h. En effet à 2h1/4 il était là. Après être restés un peu à l'hôtel, nous sommes allés au Corps d'Armée  où Paul  a un vieux camarade de La Flèche et de St Cyr Mr. Lafouillade. Cedernier grièvement blessé à la mâchoire  et à la jambe en septembre est encore incomplètement remis et est à la place de Nancy en attendant de pouvoir repartir. Il m'a fourni mon passeport pour Rosières mais m'a déclaré qu'il fallait que j'écrive à la 7e Armée pour Remiremont. C'est ce que j'ai fait du reste et Paul a écrit en même temps au capitaine Voisin de sorte que j'ai eu mon sauf-conduit en 3 jours pour Remiremont.

Après avoir quitté Mr. Lafouillade nous sommes allés nous asseoir à la Pépinière. La pluie nous en a chassés et nous nous sommes réfugiés dans un café de la place Stanislas. Après nous sommes allés faire de nombreux achats pour Paul et moi, bibelots pour les uns et les autres. Paul a rencontré un de ses camarades de St Cyr, un cavalier, Mr. de Bernès. Il est aviateur. Nous avons rencontré un ancien lieutenant du 15e  Mr Lhuillier qui est maintenant dans un autre bataillon. Je ne le connaissais que de nom car il était à Bussang.

Nous avons diné à l'hôtel que nous avons quitté à 9h pour aller prendre le train pour Rosières. Paul avait mis Dombasle sur sa dépêche ne voulant pas mettre Rosières qui était le cantonnement . Il avait signé le nom de la femme d'un sous-lieutenant du 4e qui habite Dombasle et avait mis son adresse. Elle devait me conduire à Rosières en voiture mais tout avait été supprimé. La dépêche ayant pris près de 36h à venir, Paul est allé  durant 2 jours 2 fois par jour à Dombasle aux trains de Paris un peu déçu le 2e jour.

A la gare de Nancy nous n'avons pas eu l'air de nous connaître mais nous sommes montés dans le même wagon. A Rosières on ne demande même pas les billets. Nous avons eu 2 Km à faire dans l'obscurité. Enfin il ne pleuvait pas.

Nous sommes arrivés chez le Dr Sprauel, un Strasbourgeois, à 10h. Sa bonne, une Alsacienne de Haguenau tout à fait bien qui est là depuis 15 ans nous attendait et nous avait préparé du thé.

Nouveau plan de Nancy
Nouveau plan de Nancy
Source: gallica.bnf.fr

6 août 2015

sauf-conduit de Nancy à Rosières aux Salines

19150806a

Signé par le capitaine Lafouillade?

6 août 2015

Agenda - arrivée de Louisa

5 août 2015

arrivée à Nancy

Je suis descendue à Austerlitz à 7h ayant perdu dans le train mon porte-monnaie qui ne contenait heureusement que 4 francs. Le général Alba m'aide à descendre et me prend mon ticket de métro. A 8h je filai sur Nancy n'ayant pas eu le temps de manger. Fort heureusement Julie m'avait donné pour ma nuit du pain, du chocolat et des prunes qui m'ont permis d'attendre midi, sans trop de tiraillements.

A la gare de l'Est ils m'avaient fait très peur. Ils avaient affiché que les voyageurs pour la zone des armées devaient en dehors du sauf-conduit avoir des pièces d'identité, je n'avais que mon sauf-conduit, un employé me le confirmait en me disant que je pouvais prendre mon billet mais qu'on ne me laisserait pas sortir à Nancy. Un sergent de ville au contraire me disait que ça suffisait. Néanmoins, j'étais un peu trtacassée, surtout n'ayant pas le nom du médecin de Dombasle.

Dans mon wagon étaient une jeune fille qui allait voir son mari à Nancy et un commandant du génie et sa femme. Ils avaient été à Nantes de 1907 à 1910. Lui est descendu à Bar le Duc, elle à Nancy, moi je n'ai parlé que de Remiremont et pas de Paul naturellement.

A Châlons on a visé mon passeport, mais on ne m'a rien dit. A Gondrecourt, j'ai demandé au gendarme qui m'a dit que c'était suffisant. J'ai déjeuné au wagon-restaurant. Pendant une 1/2 heure, la voie suit des champs, pleins de tombes de soldats, par une, par deux, par trois, simples tertres, avec une croix de bois, quelques unes entourées d'une balustrade, toutes fleuries de fleurs plantéess et coupées - Quelques unes sont ornées de drapeaux tricolores. Le blé, les récoltes poussent autour, les paysans travaillent, mais les tombes sont soignées. Nous sommes passés à Sermaye (?) qui est en ruines.

J'ai pu sortir sans encombre et j'ai pris une voiture pour aller chez les Ottenheimer. Ils étaient à Neufchâteau chez Suzanne, j'étais un peu ennuyée, car ils auraient pu me sortir d'embarras, mon cocher m'a mené dans un hôtel très comme il faut genre pension de famille près de la gare. Comme je lui parlais des taubes il m'a dit: "il ne faut pas en avoir peur, à Nancy personne ne s'en soucie." L'hôtel est géré par une personne très bien. Il y a un gentil jardin, c'est tout à fait tranquille ce Central Hôtel.

Je suis allée dans une chambre me débarbouiller et me coiffer, j'ai écrit un mot à maman et j'ai été à la poste, ce qui m'a permis de voir la cathédrale qui n'a rien de sensationnel et la place Stanislas qui est superbe.

Ensuite, je suis revenue à la gare. J'ai acheté des journaux. J'y ai rencontré le commandant Détrie du 2e bataillon qui m'a saluée aux environs de la gare. Je suis restée aux environs de la gare ayant mon idée. En effet j'ai vu bientôt un sous-lieutenant du 4e auquel j'ai remis ma carte et mon adresse pour Paul. Il m'a dit "Mme, le capitaine ne viendra que demain après-midi. Nous avons marche demain matin."

Revenue à l'hôtel, j'ai écrit à maman le résultat de ma promenade. Nous avons diné dans l'hôtel au lieu du jardin, les coups de canon ayant signalé un taube qui n'est pas venu.

Je me suis couché de bonne heure et j'ai très bien dormi sans penser aux taubes, jusqu'à 8h.

4 août 2015

je pars

Mercredi 4 août

Après avoir fait mon sac, je pars pour Nantes à 1h avec Henriette. Nous déjeunons rue du Calvaire. Je vais chez Moit m'acheter un très joli corsage de mousseline, je vais jusqu'à la Faculté de Médecine chercher le nom des médecins de Dombasle et je suis bien embarrassée car il y en a quatre. *

Au commissariat de police, on ne peut me faire mon passeport que pour Nancy, le reste dépendant de l'autorité militaire.

Je vais dîner chez ma tante où vient l' abbé Allain qu'elle n'attendait pas. Le saint homme, qui est très amusant, nous a fait beaucoup rire. Il part à 9h. J'étais très fatiguée n'ayant pas dormi la nuit d'avant.

A 10h 1/2 Julie m'accompagne que à la gare et me quitte peu après. Sur le quai je trouve le Gl Alba qui m'aide à m'installer en wagon. J'étais avec un jeune poilu et un vieil épilé qui ont dormi tout le temps. Moi aussi du reste avec quelques réveils. Mes autres compagnons de route étaient deux dames, la mère et la fille, plantureuses, la mère en coiffe, la fille fort chic.... Elles ont passé leur temps à manger et entre deux  oeufs durs, la fille d'un air dolent se plaignait de mal de coeur.

 * NB: L’armée interdit aux hommes de faire venir leur famille dans la Zone des Armées, cependant il semble qu'il fut possible pour les épouses de rejoindre leur mari dans les zones où le front était stabilisé. Ceci était aussi possible s'il s'agissait de rejoindre le lieu de résidence du couple avant la déclaration de guerre.

Paul Hamilton, prudent par rapport à l'interdiction de faire venir Louisa à Rosières aux Salines dans la Zone des Armées ainsi que de l'interdiction d'écrire l'emplacement exact des unités, n'a semble t-il pas mentionné précisément chez qui il séjournait ni dans quelle ville. Le télégramme rédigé de manière sybilline sous un nom d'emprunt (celui d'un lieutenant complice dont l'épouse résidait à Rosières) a du faire penser à Louisa que Paul séjournait chez le médecin de Dombasle.... Le télégramme n'a malheureusement pas été conservé mais il est possible d'en deviner la teneur à la lecture du journal de Louisa à la date du 6 août 1915. Le télégramme n'a pas été envoyé immédiatement par les services postaux qui avaient sans doute reçu des consignes pour les retenir. Le télégramme n'a été adressé à Louisa que  trois jour après sa rédaction, sans que Paul n'en ait été averti.

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Paul et Louisa Hamilton 1914-1928
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Le blog est constitué d'images de lettres et photographies scannées reproduisant la correspondance de la famille Hamilton-Zimmer pendant l'année 1914 et la 1ère guerre mondiale. Les images sont publiées dans les messages du blog au jour le jour, 100 ans après : ainsi un message publié le 3 juin 2014 aura été écrit le 3 juin 1914.
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