je pars
Mercredi 4 août
Après avoir fait mon sac, je pars pour Nantes à 1h avec Henriette. Nous déjeunons rue du Calvaire. Je vais chez Moit m'acheter un très joli corsage de mousseline, je vais jusqu'à la Faculté de Médecine chercher le nom des médecins de Dombasle et je suis bien embarrassée car il y en a quatre. *
Au commissariat de police, on ne peut me faire mon passeport que pour Nancy, le reste dépendant de l'autorité militaire.
Je vais dîner chez ma tante où vient l' abbé Allain qu'elle n'attendait pas. Le saint homme, qui est très amusant, nous a fait beaucoup rire. Il part à 9h. J'étais très fatiguée n'ayant pas dormi la nuit d'avant.
A 10h 1/2 Julie m'accompagne que à la gare et me quitte peu après. Sur le quai je trouve le Gl Alba qui m'aide à m'installer en wagon. J'étais avec un jeune poilu et un vieil épilé qui ont dormi tout le temps. Moi aussi du reste avec quelques réveils. Mes autres compagnons de route étaient deux dames, la mère et la fille, plantureuses, la mère en coiffe, la fille fort chic.... Elles ont passé leur temps à manger et entre deux oeufs durs, la fille d'un air dolent se plaignait de mal de coeur.
* NB: L’armée interdit aux hommes de faire venir leur famille dans la Zone des Armées, cependant il semble qu'il fut possible pour les épouses de rejoindre leur mari dans les zones où le front était stabilisé. Ceci était aussi possible s'il s'agissait de rejoindre le lieu de résidence du couple avant la déclaration de guerre.
Paul Hamilton, prudent par rapport à l'interdiction de faire venir Louisa à Rosières aux Salines dans la Zone des Armées ainsi que de l'interdiction d'écrire l'emplacement exact des unités, n'a semble t-il pas mentionné précisément chez qui il séjournait ni dans quelle ville. Le télégramme rédigé de manière sybilline sous un nom d'emprunt (celui d'un lieutenant complice dont l'épouse résidait à Rosières) a du faire penser à Louisa que Paul séjournait chez le médecin de Dombasle.... Le télégramme n'a malheureusement pas été conservé mais il est possible d'en deviner la teneur à la lecture du journal de Louisa à la date du 6 août 1915. Le télégramme n'a pas été envoyé immédiatement par les services postaux qui avaient sans doute reçu des consignes pour les retenir. Le télégramme n'a été adressé à Louisa que trois jour après sa rédaction, sans que Paul n'en ait été averti.