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Paul et Louisa Hamilton 1914-1928
5 août 2015

arrivée à Nancy

Je suis descendue à Austerlitz à 7h ayant perdu dans le train mon porte-monnaie qui ne contenait heureusement que 4 francs. Le général Alba m'aide à descendre et me prend mon ticket de métro. A 8h je filai sur Nancy n'ayant pas eu le temps de manger. Fort heureusement Julie m'avait donné pour ma nuit du pain, du chocolat et des prunes qui m'ont permis d'attendre midi, sans trop de tiraillements.

A la gare de l'Est ils m'avaient fait très peur. Ils avaient affiché que les voyageurs pour la zone des armées devaient en dehors du sauf-conduit avoir des pièces d'identité, je n'avais que mon sauf-conduit, un employé me le confirmait en me disant que je pouvais prendre mon billet mais qu'on ne me laisserait pas sortir à Nancy. Un sergent de ville au contraire me disait que ça suffisait. Néanmoins, j'étais un peu trtacassée, surtout n'ayant pas le nom du médecin de Dombasle.

Dans mon wagon étaient une jeune fille qui allait voir son mari à Nancy et un commandant du génie et sa femme. Ils avaient été à Nantes de 1907 à 1910. Lui est descendu à Bar le Duc, elle à Nancy, moi je n'ai parlé que de Remiremont et pas de Paul naturellement.

A Châlons on a visé mon passeport, mais on ne m'a rien dit. A Gondrecourt, j'ai demandé au gendarme qui m'a dit que c'était suffisant. J'ai déjeuné au wagon-restaurant. Pendant une 1/2 heure, la voie suit des champs, pleins de tombes de soldats, par une, par deux, par trois, simples tertres, avec une croix de bois, quelques unes entourées d'une balustrade, toutes fleuries de fleurs plantéess et coupées - Quelques unes sont ornées de drapeaux tricolores. Le blé, les récoltes poussent autour, les paysans travaillent, mais les tombes sont soignées. Nous sommes passés à Sermaye (?) qui est en ruines.

J'ai pu sortir sans encombre et j'ai pris une voiture pour aller chez les Ottenheimer. Ils étaient à Neufchâteau chez Suzanne, j'étais un peu ennuyée, car ils auraient pu me sortir d'embarras, mon cocher m'a mené dans un hôtel très comme il faut genre pension de famille près de la gare. Comme je lui parlais des taubes il m'a dit: "il ne faut pas en avoir peur, à Nancy personne ne s'en soucie." L'hôtel est géré par une personne très bien. Il y a un gentil jardin, c'est tout à fait tranquille ce Central Hôtel.

Je suis allée dans une chambre me débarbouiller et me coiffer, j'ai écrit un mot à maman et j'ai été à la poste, ce qui m'a permis de voir la cathédrale qui n'a rien de sensationnel et la place Stanislas qui est superbe.

Ensuite, je suis revenue à la gare. J'ai acheté des journaux. J'y ai rencontré le commandant Détrie du 2e bataillon qui m'a saluée aux environs de la gare. Je suis restée aux environs de la gare ayant mon idée. En effet j'ai vu bientôt un sous-lieutenant du 4e auquel j'ai remis ma carte et mon adresse pour Paul. Il m'a dit "Mme, le capitaine ne viendra que demain après-midi. Nous avons marche demain matin."

Revenue à l'hôtel, j'ai écrit à maman le résultat de ma promenade. Nous avons diné dans l'hôtel au lieu du jardin, les coups de canon ayant signalé un taube qui n'est pas venu.

Je me suis couché de bonne heure et j'ai très bien dormi sans penser aux taubes, jusqu'à 8h.

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4 août 2015

je pars

Mercredi 4 août

Après avoir fait mon sac, je pars pour Nantes à 1h avec Henriette. Nous déjeunons rue du Calvaire. Je vais chez Moit m'acheter un très joli corsage de mousseline, je vais jusqu'à la Faculté de Médecine chercher le nom des médecins de Dombasle et je suis bien embarrassée car il y en a quatre. *

Au commissariat de police, on ne peut me faire mon passeport que pour Nancy, le reste dépendant de l'autorité militaire.

Je vais dîner chez ma tante où vient l' abbé Allain qu'elle n'attendait pas. Le saint homme, qui est très amusant, nous a fait beaucoup rire. Il part à 9h. J'étais très fatiguée n'ayant pas dormi la nuit d'avant.

A 10h 1/2 Julie m'accompagne que à la gare et me quitte peu après. Sur le quai je trouve le Gl Alba qui m'aide à m'installer en wagon. J'étais avec un jeune poilu et un vieil épilé qui ont dormi tout le temps. Moi aussi du reste avec quelques réveils. Mes autres compagnons de route étaient deux dames, la mère et la fille, plantureuses, la mère en coiffe, la fille fort chic.... Elles ont passé leur temps à manger et entre deux  oeufs durs, la fille d'un air dolent se plaignait de mal de coeur.

 * NB: L’armée interdit aux hommes de faire venir leur famille dans la Zone des Armées, cependant il semble qu'il fut possible pour les épouses de rejoindre leur mari dans les zones où le front était stabilisé. Ceci était aussi possible s'il s'agissait de rejoindre le lieu de résidence du couple avant la déclaration de guerre.

Paul Hamilton, prudent par rapport à l'interdiction de faire venir Louisa à Rosières aux Salines dans la Zone des Armées ainsi que de l'interdiction d'écrire l'emplacement exact des unités, n'a semble t-il pas mentionné précisément chez qui il séjournait ni dans quelle ville. Le télégramme rédigé de manière sybilline sous un nom d'emprunt (celui d'un lieutenant complice dont l'épouse résidait à Rosières) a du faire penser à Louisa que Paul séjournait chez le médecin de Dombasle.... Le télégramme n'a malheureusement pas été conservé mais il est possible d'en deviner la teneur à la lecture du journal de Louisa à la date du 6 août 1915. Le télégramme n'a pas été envoyé immédiatement par les services postaux qui avaient sans doute reçu des consignes pour les retenir. Le télégramme n'a été adressé à Louisa que  trois jour après sa rédaction, sans que Paul n'en ait été averti.

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Paul et Louisa Hamilton 1914-1928
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Le blog est constitué d'images de lettres et photographies scannées reproduisant la correspondance de la famille Hamilton-Zimmer pendant l'année 1914 et la 1ère guerre mondiale. Les images sont publiées dans les messages du blog au jour le jour, 100 ans après : ainsi un message publié le 3 juin 2014 aura été écrit le 3 juin 1914.
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